C'est arrivé dans les usines...

Quand le pont s'emballe... - Novembre 2006
Le 14 novembre 2006, une entreprise extérieure est chargée de changer un rouleau madeleine, intervention courante en papeterie. Pour retirer le rouleau en place, le mode opératoire suivant est prévu :
- étape 1 : les opérateurs mettent en place un diabolo dans la sécherie qui va permettre au rouleau de glisser
- étape 2 : les opérateurs élinguent l'extrémité du rouleau (1 tonne) à l'aide d'une élingue textile 2 tonnes
- étape 3 : les opérateurs utilisent le chariot 7,5 tonnes du pont roulant (côté conducteur) pour pouvoir sortir une partie du rouleau. L'objectif est de venir reprendre le rouleau avec le deuxième chariot (côté transmission) afin de sortir le rouleau dans une position stable (prévention du risque de glissement).
Alors que les intervenants réalisent le début de l'étape 3 et commencent à lever le rouleau, la commande LEVAGE du pont roulant reste actionnée malgré la volonté du conducteur du pont roulant de stopper la charge. Les intervenants s'écartent immédiatement de la zone de travail tandis que le conducteur essaie d'arrêter le pont en cherchant la commande ARRET. Mais l'action se déroule trop vite et il ne parvient pas à arrêter le pont depuis la commande. C'est uniquement grâce au capteur de surcourse haut que le pont va finalement s'arrêter, provoquant d'importants dégât lors de la montée du rouleau, qui finira lui-même par retomber au sol.


GIE Casq -

La zone de l'accident

Conséquences :
- détérioration d’une partie de la sécherie : 2 cylindres sécheurs, rideaux automatiques, structure de la hotte, feutre, rouleau madeleine, diabolo...
- chute des panneaux de sécherie (environ 300 kg par élément) à proximité immédiate du conducteur du pont.
Par chance, le conducteur du pont présente uniquement des contusions et hématomes sur l’ensemble du corps, sans trop de gravité (cervicales, genoux, bras, torse et dos). Les conséquences auraient pu être bien plus sérieuses au regard de la taille et de la masse des éléments tombés au sol...
Source : GIE Casq - Décembre 2006

 

Analyse - Prévention - Réflexion


L’analyse de l’accident a permis de mettre en avant les éléments suivants :

- le chantier a été préparé et les intervenants ont déjà réalisé cette intervention
- le conducteur du pont, qui est également le responsable de l'entreprise extérieure, avait la compétence pour utiliser ce pont (formation pontier élingueur, utilisation régulière des ponts de la papeterie)
- le contacteur de montée du chariot est resté soudé
- le changement préventif de ce contacteur a été fait en 2004, la périodicité de ce changement (tous les 3 ans) tient compte des recommandations du constructeur. La visite de maintenance du 15/09/06 désigne ce contacteur comme "bon". Le contrôle périodique a été réalisé par un bureau de contrôle le 26/10/06.
- un arrêt d’urgence du pont existe au sol. Son emplacement est connu seulement par une minorité d’utilisateurs

Suite à l’analyse de l’accident, il a été décidé de mettre en place un bouton d'arrêt d'urgence sur la commande, en remplacement du commutateur de mise hors tension

 

Les “bonnes pratiques” lors de l’utilisation d’un pont roulant :

- transmettre à l'entreprise extérieure les spécificités d'utilisation de ses ponts roulants ainsi que les consignes
de sécurité associées (plan de prévention)
- établir une autorisation de conduite au regard de la formation, de l’aptitude médicale et de la connaissance des lieux de l’utilisateur
- rôle du chef de manœuvre : baliser la zone de travail et/ou interdire de circuler dans la zone de levage
- personne sous la charge ou sur sa trajectoire !

Sébastien Jaffrezic - GIE Casq (Conseil Assistance Sécurité Qualité) -