Réseau maintenance dernière 136 - 7 avril 2011
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L'approche probabiliste des risques ne met pas à l'abri des catastrophes

Les accidents nucléaires survenus sur le site de Fukushima posent encore une fois la question des postulats qui organisent la défense en profondeur des installations industrielles. En ayant considéré que la perte de la source froide et des sources électriques avait une probabilité de survenance très faible dans une région qui subit 20 % des séismes et des tsunamis de la planète, rien n'a été prévu pour y faire face. Il n'a pas été imaginé qu'un tsunami puisse engendrer une vague de plus de 10 m dans une région qu'une vague de 23 m avait submergée en 1923. Mais il n'a pas été imaginé non plus que la submersion des diesels électriques de secours pouvait aussi entraîner leur ruine mécanique. Ce qui se passe au Japon fait ressortir l'état criant des déficits de prise en compte des conséquences d'un accident réputé ne jamais pouvoir survenir. Et si cet accident est devenu une catastrophe, c'est parce que de l'énergie et de l'eau traitée n'auront pas été apportés dans des délais compatibles avec le rétablissement d'un état sûr et cela parce que personne n'avait imaginé qu'il faudrait y faire face un jour. Autrement dit, les japonais auront perdu plusieurs dizaines de milliards d'€ d'actifs, stérilisé définitivement le site, déplacé plusieurs centaines de milliers de personnes et contaminé combien d'entre elles pour ne pas avoir dépensé quelques dizaines de millions d'€ ?

Parce qu'ils ont la charge de maintenir les équipements, les responsables de maintenance sont particulièrement concernés par les accidents car ils sont les premiers intervenants avec leurs équipes dans ces situations de crise. Ils sont aussi ceux qui connaissent le mieux l'état des équipements et les déficits techniques découlant de budgets insuffisants alloués à la maintenance par les actionnaires. Ils mesurent les lacunes dans la disponibilité des moyens ultimes de défense en cas d'accident. Enfin, ils sont ceux qui dirigent des intervenants de grande technicité les plus exposés aux accidents et maladies professionnelles.

Nous ne sommes pas à l'abri d'une catastrophe analogue car nous considérons toujours qu'une probabilité de survenance très faible nous délivre d'étudier les conséquences d'un accident et de mettre en place les parades qui évitent que l'accident ne finisse en catastrophe. Dès 2001, après AZF, l'Afim a proposé de revoir ces principes qu'elle juge inadaptés à la dangerosité de certaines de nos installations industrielles.

Quels dogmes faut-il remettre en cause ? Le premier est celui de la perte des sources électriques consécutive à la submersion des installations. Admettre la submersion c'est admettre la perte des alimentations électriques normales et de secours si elles ne sont pas protégées. Qu'en aurait-il coûté de l'avoir étudié au préalable ? Des portes étanches dans les parkings protègent bien nos véhicules mais rien d'équivalent pour les groupes diesels de secours des centrales ni pour les systèmes de sauvegarde essentiels et leurs alimentations électriques. Pour les centrales en bord de falaise, le positionnement des sources électriques de secours et d'ultime secours en haut des falaises rendrait le système plus sûr à la conception. Mais où se trouvent donc ces groupes dans nos centrales de bord de mer ? Le second dogme est celui de l'impossibilité de perte de la source froide. Admettre sa perte c'est s'imposer d'étudier comment disposer d'une source froide de substitution quand la prise d'eau brute est tarie ou accidentée et que l'énergie électrique fait défaut. Seule la centrale de Civaux dispose d'une source froide de réserve de plusieurs semaines. Qu'aurait coûté la réalisation d'une barge de secours capable de fournir de l'énergie électrique, de disposer d'une source froide auxiliaire, d'eau boriquée, d'une centrale de ventilation de secours, etc. ? Qu'auraient coûté des pompes mécaniques de secours ? Face à la perte des sources électriques et de la source froide, la fusion du combustible est inévitable. Avec pour conséquences des débits de rayonnements dangereux pour les exploitants et des contaminations graves pour l'environnement. Mais qu'aurait coûté de prévoir à la conception des accès souterrains permettant le repli et la relève des exploitants dans des lieux protégés ? Et si la fusion du combustible associée à celle des aciers du réacteur avait été admise, qu'aurait coûté la conception d'un cendrier capable de contenir et de refroidir sans risque la masse en fusion sans disperser de contamination dans l'eau ou dans l'air ? Il est plus que temps de revoir l'approche probabiliste des risques car elle ne nous met pas à l'abri des catastrophes.

 

 

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