Tant qu'il y aura
des hommes, les robots ont un bel avenir
Utiliser des robots pour réaliser les tâches de maintenance,
l'idée paraît séduisante pour obtenir des gains
de productivité. Les robots ne dorment jamais et sont disponibles
en permanence. Sous la houlette du robot coordonnateur, le robot ordonnanceur
décide de l'urgence des interventions. Le robot mainteneur
est lancé. En quête des pièces de rechange que
le robot magasinier aura préparées. Le robot mainteneur
est aussi transporteur. Mais il est aussi marcheur, grimpeur, escaladeur,
cordier aussi, archer préalablement. Arc et flèches
sont utiles pour poser les lignes de vie.
Le robot mainteneur est habile et
agile et remplacer les roulements en marche est à sa portée.
Mais le robot mainteneur est prudent. Le fonctionnement des machines
n'a pas de secrets pour lui et il sait aussi les arrêter et
consigner les énergies à bon escient. Car il connaît
les langages des automates et maîtrise leur traduction automatique.
Le robot nettoyeur de façades vitrées est discret. Et
ne se livre jamais à l'espionnage des occupants, sa caméra
est sans mémoire. Et le chef robot qui le pilote depuis le
sol en est dépourvu lui aussi pour ne pas rompre la chaîne
de la confidentialité. Infatigablement, le robot mainteneur
brosse les vitres, suspendu à un fil que le robot cordier avait
préalablement posé en toiture de l'immeuble et ne se
souvient de rien.
La complexité ne rebute pas
le robot mainteneur. Il est aussi démonteur de prise de courant
en défaut. Il a des yeux au bout des pinces et des tournevis,
contrairement aux techniciens qui passent leur temps allongés
pour y voir clair. Il est aussi dérouleur et poseur de câble
qu'il génère en fonction des besoins. Les allers retours
inutiles vers le magasin sont supprimés.
Le robot mainteneur est aussi trieur de déchets à la
source et les régénère en énergie pour
ses propres besoins. Car le robot mainteneur est soucieux de l'environnement
et adepte des zéro émissions. Il a suffit de le lui
dire une seule fois.
Le robot mainteneur n'est jamais malade.
Il ne jure jamais quand il se donne malencontreusement un coup de
marteau. Grâce à une peau inaltérable, il peut
intervenir des pôles au sommet des volcans, des chambres de
congélation aux hauts fourneaux. Le blizzard, les matériaux
en fusion, etc. ne l'intimident guère. Le robot mainteneur
ignore les maladies professionnelles et ne rechigne jamais à
la peine. Il se fait plongeur, soudeur, mécanicien, robinetier.
Il n'a pas d'égal pour fermer les vannes récalcitrantes
à 4000 mètres de profondeur au fond des golfes pollués.
Mais le robot mainteneur est parfois
paresseux et s'endort en attendant la recharge de ses batteries. Il
y a bien les robots mainteneurs sans fil à la patte, doués
pour renifler les prises de courant ou pour attendre que le soleil
se lève enfin...
Cependant, s'il se fait drone, le
robot mainteneur peut rendre de précieux services. Comme les
techniciens de surveillance des lignes à haute tension le font
depuis des décennies à bord d'hélicoptères
et à l'aide de caméras. A condition cependant que leur
éthique soit sociétalement responsable. Peut-on faire
confiance aux robots et à leur intelligence artificielle ?
Et comment la distinguer de la bêtise naturelle qui produit
déjà les drones dogmatiques " survoleurs "
de sites sensibles ?
Avec la " Robomania ", comment
ne pas être séduit par l'idée que partout, de
la sidérurgie au nucléaire, de la chimie, jusqu'aux
plateformes de forage, les ouvriers seront remplacés par des
robots. Fini les effets de l'exposition aux produits ou aux rayonnements
dangereux. Plus jamais de blocage de site lors du démarrage
des grands arrêts de maintenance. Plus de dérive des
temps d'exécution car les robots mainteneurs respectent les
temps alloués et ne vont pas fumer en cachette dans les toilettes.
Sans doute, la recherche menée par les robots trouveurs engendrera
des super robots mainteneurs moins nombreux que les hommes car plus
intelligents et plus puissants. Les super robots sauront, à
n'en pas douter, se glisser aisément sous les machines, grimper
aux échelles à crinoline, transporter des outils tout
en se contractant au passage des zones de rétreint que sont
les portes, les trous d'hommes, etc. Certains même sauront se
dématérialiser pour mieux franchir les obstacles.
Quelques incertitudes demeurent. Comment
l'armée de robots mainteneurs réagira t'elle en cas
de panne ou de chute ? Sans doute, un service de robots infirmiers,
à l'image de l'infirmerie militaire, veillera au grain pour
évacuer et remettre sur pied le peloton des défaillants.
Mais que faire quand des centaines de robots cesseront de fonctionner
en cas de perte totale des sources d'énergie ? Les robots mainteneurs,
car ils sont prévoyants, feront alors intervenir la brigade
de la réserve humaine mobilisable à toute heure, embauchée
selon les nouveaux contrats de travail " zéro heure ".
Car tant qu'il y aura des hommes, les robots ont un bel avenir. Lire
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