Réseau
maintenance dernière 386 - EPR le déni des conséquences
prévisibles des principes de conception probabilistes
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Jusqu'où ira le déni
des conséquences prévisibles des principes de conception
probabilistes?
Il fallait des ingénieurs, ce furent des juristes qui l'obtinrent...
Prenez un principe, l'exception de rupture de tuyauterie. Et laissez-le
appliquer par des juristes.
Le postulat est simple. Sous réserve de la conception, du choix
des matériaux et de la réalisation conformes à
des exigences de " haut niveau ", la rupture de la tuyauterie
est considérée comme hautement improbable, ce qui n'impose
pas d'envisager les conséquences de sa rupture.
C'est ce principe qui a été appliqué par EDF à
la justification de sûreté des tuyauteries du circuit de
vapeur principal de l'EPR de Flamanville.
2015-2017 : Deux ans pour informer l'ASN d'une résilience
insuffisante des matériaux
Malgré la découverte d'une
résilience insuffisante des matériaux en 2015, EDF a informé
tardivement l'ASN (Autorité de Sûreté Nucléaire)
en 2017 de l'existence de " non-conformités " concernant
les exigences associées à l'exclusion de rupture pour
les soudures des tuyauteries vapeur du réacteur EPR de Flamanville.
Des défauts non détectés
lors des contrôles finaux sur 66 soudures.
En mars 2018, EDF informait l'ASN de la présence
de défauts non détectés lors des contrôles
finaux de 66 soudures. Ce qui l'a amené à définir
une stratégie de traitement des défauts présentée
à l'ASN en juillet 2018.
Une stratégie de remise en état
incomplète et contestée par l'ASN
La stratégie d'EDF prévoyait la remise en conformité
des 66 soudures concernées, à l'exception des 8 soudures
de traversée d'enceinte qui seraient maintenues en l'état.
Pour ces 8 soudures, Framatome et EDF ont tenté de justifier,
non par la preuve expérimentale, mais par la preuve documentaire,
que le principe d'exclusion de rupture n'était pas remis en cause
et que la sûreté du réacteur restait assurée.
Juin 2019 : Les pendules remises à l'heure
Cependant en juin 2019 l'ASN a remis la technologie à sa place
en exigeant aussi la réparation des 8 soudures sur le circuit
vapeur principal situées dans la zone de traversée des
enceintes de confinement du réacteur. Car la confiance dans la
qualité de ces soudures n'avait pas le " haut niveau "
attendu, ce qui remet en cause l'hypothèse de conception d'EDF
basée sur une l'exclusion de rupture.
En y regardant de plus près, ce qui n'est pas aisé dans
le contexte d'un envol du coût et des délais du premier
réacteur EPR d'EDF, le principe d'exclusion de rupture défendu
par des juristes a conduit à une impasse.
Sans doute, le souci de démontrer et non d'apporter la preuve
technologique du bien-fondé du principe d'exclusion de rupture
était tel chez EDF et Framatome, qu'il n'est venu à l'esprit
de quiconque, d'intégrer à la conception des bâtiments
des auxiliaires de sauvegardes la possibilité d'accéder
à ces soudures et de pouvoir retirer aisément les portions
de tuyauteries incriminées pour examen, réparation ou
remplacement.
La mémoire perdue du
palier 900 MW
Celles et ceux qui ont un peu de mémoire
se rappelleront des motopompes primaires du palier 900 MW. L'exclusion
de rupture s'appliquait alors aux garnitures d'étanchéité
dont aucun agent EDF n'aurait dû constater la défaillance
au cours de sa carrière compte tenu du taux de défaillance
annoncé (10 -9).
Il aura cependant fallu attendre la défaillance de plusieurs
garnitures primaires sur le premier train de réacteurs PWR 900
MW survenues peu de temps après leur démarrage pour que
la conception évolue. Après l'installation d'un arbre
intermédiaire, il n'a plus été nécessaire
de déposer le moteur électrique (45 tonnes) pour remplacer
la garniture mécanique (450kg). Opération qui nécessitait
la disponibilité du pont polaire du réacteur pour l'ouverture
de la trappe de la casemate de la pompe primaire et la manutention de
son moteur d'entraînement.
Les règles de conception
doivent évoluer
Une manchette démontable d'une longueur supérieure à
celle de la traversée aurait permis que la portion de tuyauterie
concernée puisse être déposée dans des délais
courts. Alors qu'aujourd'hui, EDF devra déposer pour ce faire
la plupart des équipements raccordés à ces tuyauteries
du circuit de vapeur principal dans les bâtiments des auxiliaires
de sauvegardes non conçus à cet usage.Pour sortir d'un
débat qui invoque toujours la fatalité quand les événements
réputés ne jamais survenir surviennent, nous devons imposer
des règles de conception et des modalités de réalisation
différentes. L'étude des dispositions et la réalisation
des équipements permettant le démontage aisé dans
des durées déterminées des zones réputées
ne jamais présenter d'anomalies au cours de l'exploitation doit
devenir la règle.
L'impasse de l'approche juridique : 4 années
perdues
Si ce principe avait été appliqué par EDF pour
l'EPR de Flamanville, qu'en aurait-il coûté de mettre en
fabrication, dès 2015 après la découverte de l'anomalie
de résilience sur les traversées, de nouvelles traversées
réalisées conformément aux exigences requises ?
Leur remplacement aurait été possible en quelques mois
et non en quelques années.
Laisser la réparation de telles anomalies aux mains des juristes
et de ceux qui les ont niées serait la pire des erreurs. Car
c'est faire preuve d'un cynisme froid que de feindre que ces avatars
n'auront pas de conséquences sur le prix du kWh et sur les délais
de raccordement de Flamanville 3 au réseau. Aujourd'hui, la
sagesse impose de mettre en fabrication de nouvelles traversées
pour remplacer celles réputées défectueuses et
d'en prévoir au moins une en secours.. Tout comme d'étudier
en détail la mise en place de manchettes intermédiaires
permettant le retrait des traversées sans nécessiter le
démontage des équipements présents dans les bâtiments
des auxiliaires de sauvegardes.
Déléguer n'exonère
pas le propriétaire de contrôler lui-même les réalisations
Encore une fois, la préséance de la technologie sur le
droit et les concepts probabilistes a été ignorée.
Car la délégation des contrôles à d'autres
n'exonère pas le propriétaire de disposer en son sein
d'équipes techniques aguerries rattachées au plus haut
niveau de l'entreprise pour s'assurer de la qualité les réalisations
au jour le jour.
Si le risque de dégradation des soudures dans la zone des traversées
d'enceinte avait été admis, leur surveillance, les moyens
de contrôle et de réparation auraient étudiés.
Les ingénieurs auraient fait leur travail, laissant les juristes
déterminer qui doit payer quoi
P.S.
Plus de 8 ans après Fukushima, nous n'avons toujours pas compris
qu'il ne suffisait pas de décréter qu'un événement
ne survienne pas pour que cela soit avéré. La conjugaison
de la perte simultanée de la source froide et des sources électriques
était un événement impossible. La catastrophe de
Fukushima, après celles de Tchernobyl et Three Mile Island aurait
dû nous inciter à retrouver le sens de la mesure. Mais
non.
Nous continuons, plutôt nous feignons, de croire que le niveau
de sûreté des réacteurs du parc nucléaire
d'EDF a bien été relevé avec des Diesel d'Ultime
Secours (DUS). Inatteignables par les inondations et résistants
au séisme, ces DUS devaient être opérationnels au
plus tard avant le 31 décembre 2018.
Cependant, au 27 février 2019, seuls 2 réacteurs sur 54
disposaient de DUS opérationnels. Pour les 52 réacteurs
restants, les délais de mise en service sont reportés
de 12 à 18 mois. Ce qui signifie que les pertes des alimentations
électriques sont priées de ne pas survenir avant le 30
juin 2020.
Tout comme les désordres qui ont provoqué l'effondrement
des immeubles à Marseille le 8 novembre 2018. Désordres
qui ont eu la malencontreuse idée de survenir alors que les experts
avaient prescrit des travaux de confortation à réaliser
sous 3 semaines. Les immeubles n'ont pas attendu la fin de l'injonction
pour s'effondrer et provoquer 8 morts.
Nous ne commandons pas aux lois de la physique. Et la vision juridique
des risques ne les supprime pas.
Claude Pichot
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