La filière professionnelle maintenance remise en question

Construite en plus de 20 ans, la filière professionnelle maintenance a démontré son utilité. Dans le domaine industriel, elle représente plus de 15 000 diplômés en 2007 (BEP, Bac Pro, BTS, DUT). Et tous ceux qui empruntent cette filière trouvent un emploi qualifié et durable. En moyenne depuis 1996, 11 500 jeunes ont emprunté chaque année la voie du BEP maintenance. Les 2 années pratiques du BEP réconcilient beaucoup de ces élèves avec les études. Car c'est très souvent en situation d'échec dans l'enseignement général en fin de collège qu'ils ont emprunté cette voie.

Quel devenir pour ces jeunes dès lors que le BEP sera supprimé dans la réforme envisagée du bac professionnel ? Il est à craindre que la poursuite d'études après le collège sur un cycle de 3 années pour obtenir le bac professionnel maintenance ne soit que la continuation du parcours d'échec antérieur. Avec leur contenu pratique centré sur le métier, les deux années de BEP maintenance remettent en moyenne depuis 12 ans 11 500 élèves en fin de collège dans la voie de la réussite. 67 % d'entre eux poursuivent leurs études en Bac Pro maintenance et 33 % des jeunes entrent dans l'emploi en sortie de BEP.

Les titulaires du BEP maintenance constituent 93 % des entrants en Bac Pro maintenance avec un taux de réussite de 78 %. Supprimer le BEP en 2 ans c'est à coup sûr tarir le recrutement en bac professionnel et en BTS ! 44 % des titulaires du Bac Pro maintenance entrent dans l'emploi et 56 % poursuivent leurs études en BTS. Mais supprimer le BEP maintenance en 2 ans, c'est aussi casser toute une filière qui donne satisfaction et de l'emploi. Croire que les jeunes en situation d'échec se rueront sur un bac professionnel déqualifié (1 an de moins pour accomplir le parcours jusqu'au bac) est une vue de l'esprit. Les employeurs connaissent la qualité des formations actuelles.

Et qui pourra croire que 3 années "modernisées" en vaudront 4 à contenu technologique égal. Comment apprendre à souder, percer, tarauder, meuler, mesurer, démonter et remonter des composants et comment apprendre à le faire en protégeant sa santé sans la formation pratique qui l'accompagne ? Qui fera confiance à un ouvrier ou un technicien qui ne maîtrisera pas la connaissance des risques et les techniques de base de la mécanique et de l'électromécanique en maintenance ? Pourquoi tant d'obstination à vouloir casser ce qui fonctionne à la satisfaction de tous ? Est-ce parce que ceux qui décident ignorent où se trouvent les emplois d'ouvriers indispensables que les métiers d'ouvriers doivent disparaître pour autant ?

C'est ce raisonnement de décideurs ignorants qui avait conduit à supprimer l'enseignement de la chaudronnerie tuyauterie il y a une vingtaine d'années. Car ils pensaient que les nouvelles technologies de l'électronique allaient supprimer celles issues de la mécanique… Pour ceux qui ont la charge de la maintenance sur le terrain, la croyance que les ouvriers seraient devenus inutiles est battue en brèche : les machines ne se réparent pas sans ouvriers et sans techniciens. Allez donc demander à qui possède un alternateur de forte puissance avec un défaut de masse en cours d'évolution à qui il fera appel pour le réparer (plus de 3 semaines de réparation) ?

L'Afim parie que ni les énarques, ni les enseignants, ni les ingénieurs et encore moins les conseillers ministériels ou les danseurs ne seront retenus. Mais bien des ouvriers et des techniciens formés à la réparation et à la maintenance. Cette réforme vous concerne car elle concerne vos futurs salariés, mais aussi vos enfants. Venez en débattre au Forum Formation - Métiers - Emploi qui se tient à Dijon le 23 mai dans le cadre de l'Assemblée générale de l'Afim.

Forum Formation - Métiers - Emploi : 23 mai - CCI de Dijon
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