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( 25-26 mai 2018 à Rodez)

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Susciter des vocations pour alimenter la filière de formation en maintenance

Si " Science sans conscience n'est que ruine de l'âme ", Patrimoine sans maintenance n'est que ruine en devenir. Quand plus de 42 milliards d'Euro par an sont dédiés au maintien en état des patrimoines industriels, tertiaires et immobiliers, quand plus de 420 000 emplois sont concernés, l'existence et le développement de la formation à la maintenance doivent être gravés dans les tables de la formation initiale. Cependant, la tentation de ne pas le faire est forte.

A quoi bon réparer ? Certains rêvent de machines qu'on jette à la première panne. D'autres à la limitation calculée de leur durée de vie. Et pourquoi pas nos véhicules, nos logements jetables après nos téléphones portables ! D'autres encore nous préparent des équipements dont nous ne serons jamais propriétaires, seulement des locataires obligés. L'économie des dépenses de maintenance qui représentent sur la durée de vie des patrimoines autant que leur valeur d'acquisition serait convertie en marché de renouvellement au profit de ceux qui les fabriquent. C'est le rêve de tout industriel que de rendre ses clients addictifs. Dans ce modèle, aucun marché ne s'essouffle, seules les ressources non renouvelables disparaissent définitivement ! Nous pourrions ainsi fermer les sections d'enseignement technologique et les remplacer par l'enseignement du marchandisage. Ce modèle est bon pour le commerce, mais pas pour les utilisateurs !

Des économistes, des juristes, des financiers, des journalistes, des marchandiseurs, des politiques, etc. affirment encore que la formation technologique avec des machines est une gabegie. Selon eux, la connaissance technologique peut s'acquérir sans machines, on peut tourner sans tour, on pourrait même apprendre à faire du vélo sans bicyclette…Mais sont-ils prêts à assumer les conséquences de leurs assertions et de la dématérialisation des formations?

Les métiers technologiques de maintenance qui exigent des têtes bien faites et des mains habiles seraient de peu d'utilité, manqueraient d'attractivité, ne s'adresseraient qu'aux moins doués et coûteraient cher à enseigner. Il est donc légitime de s'interroger sur leur maintien.

Mais il suffit d'une seule journée sans remédier aux pannes pour paralyser un pays ! D'un seul manquement à un programme de maintenance pour qu'un train déraille et fasse des victimes ou que l'attache d'un vérin à câbles ne jette à terre un générateur de vapeur ou qu'un hélicoptère ne s'écrase en mer...

Quelle que soit la provenance des technologies que nous utilisons, leurs performances et la sûreté de fonctionnement dépendent de la maîtrise de leur maintenance. Sans ouvriers, sans techniciens, sans ingénieurs et sans formations technologiques de qualité, pas de maintenance, pas de maintien en état durable, pas de remise en état et pas d'innovation...

La filière d'enseignement à la maintenance, depuis la formation des ouvriers qui représentent 80% des effectifs jusqu'aux ingénieurs est donc essentielle à l'économie, comme celles de la littérature, des mathématiques et des sciences, du droit et de la médecine. Nos amis allemands ont compris que la formation professionnelle des jeunes est la base de la prospérité d'une nation !

Ceux qui prônent la suppression de l'enseignement de l'ajustage, de l'usinage, du soudage, du câblage, du formage, du mesurage, du dessin, etc. devraient s'interroger sur le paradigme de la désindustrialisation fatale qui ne rendrait plus nécessaire de connaitre les technologies pour les employer efficacement.

Mais où sont donc ces usines où sans connaître les technologies, sans savoir comment les équipements fonctionnent et sans personnel, il serait possible de produire efficacement et de maintenir les installations en bon état de marche ? Quant aux sauts technologiques, ils découlent en grande partie de l'analyse des procédés existants, de la connaissance intime des matériaux, de la recherche appliquée et de la liberté de remettre en cause les conservatismes. Affirmer que le modèle économique précède le modèle technologique est tout simplement faux.

Il faut promouvoir l'enseignement technologique parce qu'il est l'essence du maintien en état des patrimoines. C'est grâce à la technologie, aux ouvriers et aux techniciens que les ingénieurs peuvent matérialiser leurs innovations. Si le métro automatique transporte les passagers sans conducteur, sa maintenance exige des ouvriers, des techniciens et des ingénieurs parfaitement au fait des technologies et de leurs modes de remise en état. Comme l'exigera demain celle des véhicules sans conducteur qui circuleront sur les routes. Sans une filière de formation depuis le collège, dédiée aux métiers de la maintenance, fondée sur l'utilisation des machines, des technologies et des procédés, l'avenir des objets connectés ne sera pas aussi radieux que Google nous l'annonce.

La formation technologique conditionnera toujours l'avenir des patrimoines et la maintenance demeura encore longtemps l'activité humaine dont les robots ne pourront jamais se passer.

Claude Pichot

PS : Si vous trouvez que la maintenance coûte cher, essayez les pannes.Et si cela ne vous suffit pas, essayez aussi les accidents!